Thématique Petites bêtes : Une mini-séquence d’écriture autour des métamorphoses [cycle 3]

En ce moment, chez @lapetitemuquiplume sur Instagram, je fais la fête aux petites bêtes !

Comme cela faisait longtemps que je n’avais pas proposé de documents pédagogiques par ici, c’est le moment ! Je vous propose une petite séquence (qui peut durer deux semaines avec un bon timing), idéale en 6e, mais aussi, je suppose, en CM1 et CM2 (à adapter selon le niveau de vos élèves).

L’idée est de profiter du printemps pour faire découvrir à vos élèves les Métamorphoses d’Ovide (une œuvre recommandée dans les programmes de 6e pour traiter des monstres), mais aussi, en même temps, les fascinantes transformations de certaines espèces animales ou végétales.

Quelques explications ? En route !

La lecture des Métamorphoses

Oui, c’est une œuvre majeure de l’Antiquité ; et oui, je l’avoue, je ne la travaille quasiment jamais, car je lui préfère L’Odyssée, et qu’il est mission impossible d’étudier de manière approfondie ces deux textes-là dans une année de sixième. Si on avait un vrai programme de cycle, qu’on pouvait rencontrer régulièrement et efficacement les professeur.e.s des écoles de notre secteur, on pourrait réussir à faire découvrir les deux œuvres entre le CM1 et la fin de la sixième, mais… (Je vous laisse compléter.)

Mais une solution s’est présentée à moi : ne pas étudier à fond les Métamorphoses, mais les faire lire dans une version accessible (même, pourquoi pas, n’en faire lire que certains chapitres, si on manque de temps et qu’on a d’autres lectures à proposer aux élèves sur la même période), et prendre ensuite le texte comme modèle à des exercices d’écriture de différentes sortes.

Concernant la lecture, donc, on peut faire lire les 16 récits choisis et adaptés par Françoise Rachmuhl pour les éditions Flammarion Jeunesse, ou une autre édition du même genre bien sûr, ou seulement quelques chapitres par élève. L’idée est qu’iels enrichissent un peu leur culture concernant les grands mythes, mais pas forcément qu’iels deviennent spécialistes ; et l’objectif de ma séquence est qu’iels comprennent comment écrire un récit de métamorphose, ce qui peut être compris avec seulement deux ou trois récits comme exemples.

Pourquoi faire lire les Métamorphoses au printemps ? Parce qu’il est très facile de faire le parallèle entre les transformations imaginaires racontées par Ovide, et les transformations spectaculaires, mais bien réelles, que l’on peut observer dans la nature à cette période de l’année ! Les animaux qui passent d’un état larvaire à des formes à corps, pattes, etc, comme les papillons et les batraciens, les fleurs qui naissent d’une graine pour donner une multitude de formes et de couleurs… Les observations ne manquent pas.

De plus, un grand nombre des récits d’Ovide s’inscrivent dans un cadre naturel. Souvent, un personnage se transforme en végétal ou animal ; et parfois, cette transformation donne naissance à un mot de notre langue, à une expression… Ainsi, en lisant Ovide, on peut faire découvrir à nos élèves les narcisses, qui fleurissent justement au printemps ; on peut expliquer d’où vient le nom scientifique des araignées, les « arachnides » ; on peut aussi discuter autour de « l’explication » mythologique de l’alternance entre les saisons, à partir du mythe de Déméter et de l’enlèvement de Perséphone…

Bref, je trouve que c’est l’époque parfaite pour s’y plonger, et d’ailleurs, du même coup, pour se lancer dans la classe dehors si on en a l’envie depuis un moment ! Les températures s’adoucissent, l’herbe devient fleurie ; quelles meilleures dispositions pour faire de la lecture à voix haute sur des pelouses proches de l’établissement ?…

Le lien avec les sciences

Vous le savez maintenant, mon dada – l’un d’entre eux, du moins – est de reconnecter les élèves à leur environnement naturel. Parler des cycles de vie de certaines espèces particulières, comme le papillon ou la grenouille, fait partie de cette reconnexion. Alors, oui, iels en ont déjà certainement beaucoup parlé à l’école primaire ou maternelle. Mais une piqûre de rappel ne fait jamais de mal, d’abord ; ensuite, l’idée sera ici de les entraîner à la lecture, qu’elle soit littéraire avec les textes d’Ovide, ou documentaires, avec des supports scientifiques.

Ce travail de lecture de documents, les élèves le pratiquent en cours de sciences, ainsi qu’en histoire-géographie, et dans toutes les matières ou presque, d’ailleurs. Et cela peut être très intéressant de le faire aussi en cours de français, ou, si l’occasion s’en présente, de le faire en lien avec les professeurs des matières scientifiques.

En étudiant les récits d’Ovide, puis des textes documentaires racontant le passage de la chenille au papillon, par exemple, on peut facilement observer que les verbes, les connecteurs, et certains autres mots, sont les mêmes, quel que soit le support. Ovide est donc un naturaliste de l’imaginaire, ou bien les scientifiques sont des mythologistes du réel, comme on veut 🙂

A partir de là, le champ est vaste pour de multiples activités de lecture, de travail sur les liens logiques et chronologiques, de rédaction de phrases correctes à partir d’images, de récolte de vocabulaire…

Des exercices d’écriture

Une fois ce travail de lecture et de découverte du monde naturel effectué, le fil conducteur de la séquence que je propose est l’écriture.

L’objectif final sera de produire une rédaction, selon le cadre dans lequel chacun.e d’entre nous les pratique, en classe, en temps limité ou pas, à la maison, avec de l’aide ou non, à vous de voir ; personnellement, je les fais toujours en classe, sur 1h30 – en gardant les brouillons avec moi si je n’ai pas les élèves deux heures de suite -, sans aide autre que l’utilisation d’un dictionnaire ; éventuellement, selon le niveau de la classe ou le moment de l’année, après un travail collectif de décorticage de la consigne. Le sujet de cette rédaction n’a rien d’exceptionnel : inventer une nouvelle métamorphose qui pourrait s’ajouter aux récits d’Ovide.

Selon le degré de connaissance de vos élèves sur la mythologie gréco-romaine (tout dépend s’iels l’ont déjà beaucoup travaillée, avec vous dans le début de l’année, ou les années précédentes), vous exigerez ou non un récit très similaire à ceux d’Ovide, bien cohérent avec l’univers antique. Mais ce n’est pas ce que je vise principalement dans ma séquence.

Surtout, la rédaction finale demande aux élèves de maîtriser les techniques d’écriture d’un récit de métamorphose : quels verbes utiliser ? A quel(s) temps ? Comment présenter et organiser son texte, avec les différentes étapes ?

Ce sont donc ces techniques que l’on va travailler à travers les différentes séances :

  • de l’observation sur des extraits des Métamorphoses ;
  • de la récolte de vocabulaire ;
  • des entraînements à l’écriture avec des sujets guidés, sans rapport avec la mythologie ;
  • de la remédiation orthographique.

Les deux exercices d’écriture que j’ai imaginés demandent très peu d’imagination, il s’agit plutôt de réécriture à partir d’un texte qui servira de cadre (je les ai empruntés aux superbes albums documentaires Ohé la science ! aux éditions du Ricochet, qui me semblent très adaptés même à des collégien.ne.s). Ce genre d’exercices a un double avantage : d’une part, il met en confiance les élèves qui pensent « ne pas savoir faire les rédactions parce qu’iels n’ont pas d’imagination » ; d’autre part, l’imitation est évidemment une très bonne technique pour écrire de mieux en mieux.

Le premier exercice donne un petit peu plus de liberté, ou de travail, aux élèves : une fois qu’iels ont pioché au hasard une espèce de départ et une espèce d’arrivée, iels pourront s’inspirer du texte-modèle pour faire le récit de la transformation, mais iels devront quand même choisir elleux-mêmes les mots à utiliser, pour que la transformation ait un minimum de cohérence. Elle devra sembler réaliste tout en étant improbable, travail d’équilibriste ! Je pense que cet exercice est à faire par groupes, ou avec un bon coaching de l’enseignant.e, car il va peut-être déstabiliser les élèves, mais les résultats peuvent être très drôles ou poétiques – et encore plus si certain.e.s élèves les mettent en images !

Le deuxième exercice est un prétexte pour apprendre à manipuler le dictionnaire et réviser les classes grammaticales. Il s’agit de la fameuse méthode oulipienne « S + 7 » (à retrouver ici si vous ne la connaissez pas). Mine de rien, elle demande pas mal de rigueur de la part des élèves, et un travail de relecture une fois le texte terminé, pour vérifier que « ça passe ». Là encore, fantaisiste tout en étant correct d’un point de vue grammatical.

Entre les deux exercices, vous pouvez faire retravailler à vos élèves les points d’orthographe qui leur posent le plus de problème. Typiquement, dans ces textes de métamorphose, il faut maîtriser la conjugaison du présent, les accords sujet-verbe, le pluriel et le féminin des noms, éventuellement des adjectifs. En grammaire, il faut bien sûr savoir construire des phrases correctes.

Ces exercices peuvent seulement servir d’entraînement, ou alors, s’iels ont vraiment inspiré les élèves, donner lieu à une exposition ou à la création d’un recueil collectif.

Les documents

Je vous mets ici tout ce que j’ai produit pour mener cette séquence :

  • la présentation générale des objectifs et des supports ;
  • le déroulement de la séquence (qui n’est bien sûr qu’une suggestion) ;
  • les fiches élèves, toujours suivies de la fiche corrigée ;
  • enfin, une petite bibliographie : l’édition utilisée des Métamorphoses avec trois propositions de supports adaptés pour les lecteurices en difficulté ; et plein d’albums documentaires, pour différents âges, susceptibles d’être utilisés pendant la séquence.

J’ai découvert après avoir fait la bibliographie cet ouvrage chez Seuil jeunesse qui a l’air parfait pour le thème. Il est absolument splendide (je ne l’ai pas, mais on peut en voir quelques pages sur le site de l’éditeur) :

Je ne saurais aussi que trop recommander, encore, la lecture de Mythes et Meufs de Blanche Sabbah, notamment les pages sur Méduse, mais aussi celles sur la déesse Cybèle et sur la petite Sirène, qui donnent plein d’éclairages intéressants sur les représentations féminines dans les mythes… (C’était pour le saupoudrage « Brigade Anti-Clichés)

* * *

Comme d’habitude, j’espère que ce partage vous aura plu, ou inspiré, et surtout, que vous pourrez vous l’approprier le mieux possible !

Je vous laisse avec ce petit collage d’après une idée originale de MiniMu : et si les chenilles devenaient éléphants ?

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