(Ne plus) enseigner les homophones : une nécessité pour nos élèves

Suite à ma publication sur Instagram, voici quelques compléments et ressources qui vous aideront à réfléchir à cette question de l’enseignement des homophones !

(article en cours d’évolution)

Je rappelle rapidement le propos que j’ai développé dans mon post : faire des leçons consacrées aux « homophones grammaticaux », en les présentant conjointement (du type « Ecrire a ou à », « Ecrire c’est, sais, ses ou ces »), sont davantage source de confusion pour les élèves que base efficace de travail. Les « astuces » souvent données aux élèves ne les aident pas toujours, voire les perdent encore plus, d’autant plus quand elles ne reposent pas sur de réelles explications grammaticales.

Mais alors, comment faire ?

Quelques lectures

Pour ma part, je suis partie de la lecture de cet article de blog, que j’ai trouvé très clair et plein de pistes :

Les homophones grammaticaux, un enseignement impossible ?

Il a été rédigé par des graphopédagogues, donc à la frontière de l’enseignement et de la rééducation.

Amandine, du compte @la_legerete_des_lettres , avait pour sa part consulté ces trois articles :

Comment orthographier les homophones grammaticaux ?

Les homophones grammaticaux : pourquoi leur enseignement par trucs est-il à éviter?

Faut-il enseigner les homophones?

Ensuite, je suis aussi tombée sur ce mémoire de recherche :

Peut-on enseigner efficacement les homophones grammaticaux en les étudiant séparément ?

(J’avoue ne pas avoir encore eu le temps de le lire de façon approfondie…)

Puis sur cet article qui donne des pistes très concrètes :

Pourquoi l’enseignement des homophones est-il aussi peu efficace ?

Une nouvelle façon de réfléchir à l’apprentissage de la langue

Beaucoup m’ont demandé : « Mais alors, comment faire ? »C’est une question évidemment complexe, car il faut en réalité reprendre tout le processus depuis le début de l’apprentissage orthographique, dès le cycle 2…

Dans un premier temps, je dirais qu’il faut BANNIR de sa progression toute leçon de type « a/à », « et/est ». Ne vous inquiétez pas, cela ne veut pas dire que vous ne travaillerez plus l’orthographe. Vous allez gagner du temps pour travailler de façon, je l’espère, plus efficace !

Donc exit les fiches d’exercices à trous ou à choix multiples, les pages correspondantes des manuels ou des cahiers d’exercices. Ce serait d’ailleurs une sacrée évolution si les ouvrages du commerce pouvaient réfléchir, eux aussi, à la question. Une belle économie serait faite sur toutes ces pages qui ne servent à rien, et embrouillent les jeunes enseignant.e.s (ou pas si jeunes, puisque je les utilisais encore il y a peu).

J’ai encore regardé les specimen, je n’en ai trouvé aucun pour la sixième qui se passe de ces fameux homophones, hormis un livret de remédiation chez Hachette, Mon livret pour progresser. Les leçons et exercices orthographiques sont consacrées exclusivement aux conjugaisons et aux accords (sujet/verbe, dans le GN). Il manque bien sûr toute la partie orthographe lexicale, mais c’est un outil de remédiation, pas un manuel complet.

Ensuite, il faut se forcer une bonne fois pour toutes à ne pas tout vouloir enseigner en même temps, d’un coup, car je crois que c’est en partie de là que vient le problème. Je ne suis pas PE alors je ne veux pas parler en leur nom, mais si je l’étais, en CE2 par exemple, je serais tentée de donner le plus d’outils orthographiques possibles dès le début de l’année à mes élèves, pour qu’iels soient très vite aptes à écrire n’importe quel texte correctement. Mais à quoi bon ? Il reste encore bien des années d’apprentissage, pas besoin de tout faire d’un coup, surtout si c’est pour créer des confusions.

Donc prenons le temps de fixer d’abord, par exemple, les conjugaisons au présent des verbes ÊTRE et AVOIR. Passons-y un trimestre s’il le faut. Je vous garantis qu’en cinquième, certain.e.s ne les maîtrisent pas encore… Et laissons les mots invariables, du type à ou et arriver bien plus tard. Encore une fois, je ne suis pas dans le premier degré, mais pourquoi ne pas donner systématiquement une étiquette déjà écrite pour la préposition à quand on est en train de travailler sur le verbe avoir ?

Ensuite, concentrons tous nos efforts à développer chez nos élèves une conscience orthographique. Les confusions d’homophones font peur, y compris au collège, car elles montrent que certain.e.s élèves n’ont même pas idée de la segmentation d’un mot. Mais comment faire autrement, si on leur a donné des exercices où « ces » et « c’est » étaient sur le même plan, avec un trou dans la phrase de même longueur ?

Donc rappelons le rôle de l’apostrophe (en collège, je suis obligée de rappeler que l’apostrophe n’est jamais à l’intérieur d’un seul mot, à de très rares exceptions comme aujourd’hui), et mettons le paquet sur les natures de mots. Ce qui tombe bien, la petite Mu vous avait déjà donné quelques pistes pour cela 😉

Quelqu’un m’a fait remarquer à fort juste titre que les dictées aménagées du brevet étaient à côté de la plaque, du coup : tout à fait ! Plus bas, je vous montrerai quel exercice on peut lui substituer.

En revanche, un exercice que je trouve très intéressant : la réécriture type brevet. A pratiquer dès la sixième (sur des points de langue et des corpus adaptés, évidemment).

Sans vouloir me faire de la pub, le rituel « Des mots dans tous les sens » que j’ai pratiqué en cinquième cette année est aussi un bon outil pour favoriser cette conscience grammaticale : on travaille sur les homographes, donc on évacue en fait la question de l’orthographe (puisqu’il s’agit de deux mots s’écrivant exactement pareil) pour se concentrer sur la grammaire.

Une ébauche de fiches d’exercices

J’ai plus ou moins jeté sur le papier quelques idées d’exercices qui me sont venues à l’esprit, alors je vous en fais part :

Toutes vos contributions sont évidemment les bienvenues pour enrichir cette ébauche !

J’ai aussi réfléchi à un jeu (on ne se refait pas), et voici à quoi j’ai pensé :

L’idée est de préparer toute une série de flashcards, de les étaler dans le désordre sur une table, puis de lancer le dé et de réaliser la consigne. Je n’ai pas encore créé toutes les cartes, loin de là.

Comme tout jeu, je l’imagine comme un exercice de remédiation, donc l’élève aura les mots écrits à portée de main et réfléchira surtout à la nature du mot manquant.

* * *

Je rends l’antenne pour aujourd’hui ! Mais c’est un sujet passionnant qui appelle à bien des discussions encore, n’hésitez pas à me rejoindre sur Instagram !

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